B E R N I E R E S - S U R - M E R

A C C U E I L

L E B U L L E T I N

A C T I V I T E S 2 0 07

C O N T A C T S

P U B L I C A T I O N S

L I E N S

A C T I O N S E N C O U R S

L ‘ E G L I S E N O T R E D A M E

G R A F F I T I

LES PEINTRES BERTHELEMY

THE B U L L E T I N (english)

En septembre1997, paraissait une publication dans la collection des Itinéraires du Patrimoine consacrée à l’église de Bernières. Il s’agissait là de la première étude réellement scientifique sur l’un des édifices religieux les plus importants de Basse-Normandie, inscrit sur la première liste de classement des Monuments historiques de 1840. Cette publication était réalisée conjointement par B.O.N. et la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC), et financée par B.O.N., la DRAC et la Municipalité de Bernières. Elle résultait des travaux conjoints de deux historiens d'art, Jannie Mayer, conservateur en chef du Patrimoine, et membre de B.O.N.,et Hervé Pelvillain (…), conservateur régional de l’Inventaire.

Cet ouvrage ouvrait un certain nombre de directions de recherches qu’il était intéressant de développer plus avant. C’est dans cet esprit que B.O.N. a très fortement soutenu l’idée d’entreprendre une étude scientifique de la charpente de l’église, permettant de progresser dans une datation plus fine de l’édifice.

Celle-ci est menée en deux phases : la première consistant dans un relevé précis du plan de la charpente, tant de la nef que du choeur. La seconde, dans une étude dendrochronologique(1) des bois de charpente.

La première partie de cette étude s’est déroulée de décembre 2001 au printemps 2003. Elle a été réalisée par Anne-Sophie Colin, étudiante en cinquième année d’architecture, aidée par quelques bénévoles de B.O.N. et suivant les conseils de Marie-Suzanne de Ponthaud, architecte en chef des Monuments historiques. Elle a effectué un relevé de la charpente de la nef ainsi que celui des marques d’assemblage (2). Celui du choeur a suivi. Les plans ont été dressés puis transmis au Centre de Recherche sur les Monuments historiques (C.R.M.H.) qui aprocèdé à leur analyse. A partir de ces relevés notamment, a été réalisé une modélisation en 3D de cette charpente. Ainsi l’ensemble de la charpente a été relevé, ce qui n’avait jamais été réalisé auparavant.

Il a été alors possible d’entreprendre la seconde phase de l’étude : sa datation par dendrochronologie. C’est ce qui a été réalisé en juillet 2003 par Patrick Hoffsummer, historien d’art, archéologue et dendrochronologue, chargé de cours à l’université de Liège, aidé par quelques bénévoles de B.O.N.

L’étude a porté sur les charpentes de la nef et du chœur. Les sept prélèvements effectués dans le chœur ont permis de situer l’abattage des bois dans les années 1450-1500 ap. J.C.

En ce qui concerne les onze échantillons de la nef, cette date d’abattage se situe entre les années 1600-1650 ap. J.C.

Comme on sait que les bois de charpente sont généralement mis en œuvre dans l’année qui suit leur abattage, nous savons maintenant que la charpente actuelle du chœur date du début du XVème siècle et que celle de la nef se situe au milieu du XVIIème siècle.

Informations extrêmement importantes pour orienter nos réflexions et la suite de nos recherches dans les archives.

Ainsi par exemple, ne faut-il pas rapprocher la date de la charpente de la nef des grandes tempêtes qui ont définitivement condamné le port de Bernières ?

Pourquoi cette charpente du chœur a-t-elle été édifiée au début du XVème siècle alors que l’architecture remonte au XIIIème ?

Autant de questions auxquelles il faudra tenter d’apporter une réponse pour avancer dans une connaissance plus complète de cet édifice.


Lexique :

(1) Dendrochronologie :

L’arbre est un organisme vivant qui, schématiquement, se compose de trois parties : les racines, la couronne constituée des branches et des feuilles et, réunissant les deux, le tronc, d’où est tirée la plus grande partie des bois d’œuvre, tels les bois de charpente par exemple.

La croissance du tronc est générée par la division des cellules du cambium, couche circulaire à peine visible, située à l’extérieur du bois, sous lle liber et l’écorce. Le tronc augmente ainsi son diamètre par la formation chaque année d’une nouvelle couche de bois à sa périphérie : le cerne annuel.

Ces cernes, résultant du cycle de végétation (du mois de mars à fin août sous nos climats tempérés), sont repérables sur la coupe transversale du tronc comme des cercles grossièrement concentriques. Leur partie interne est généralement plus claire car formée par un bois tendre et poreux correspondant au printemps, leur partie externe étant plus dense et foncée car formée en été.

L’épaisseur des cernes annuels n’est pas constante ; certaines sont larges de plusieurs millimètres tandis que d’autres sont inférieures à un millimètre, résultat des fluctuations des conditions extérieures enregistrées, par chaque arbre.

Et ce sont ces variations que la dendrochronologie s’emploie à déchiffrer.

Deux postulats de base de la dendrochronologie ont pu être établis :

A) Dans des conditions climatiques et écologiques identiques, les arbres d’une même espèce réagissent d’une façon identique, quant à la quantité de bois formée et quant à sa densité.

B) Les épaisseurs des cernes successifs constituent des suites mathématiques représentatives et spécifiques de l’époque de leur formation.

Grâce à cette science permettant la datation des bois, les bâtiments et leur charpente ont beaucoup à révéler sur leurs chantiers, leurs étapes, leurs transformations et sur l’évolution des techniques et des approvisionnements.



(2) Marque d'assemblage :

L’assemblage provisoire des bois permet de compléter les tailles difficiles et de rectifier les assemblages, pièce par pièce, pour chacune des fermes ou chacun des liens longitudinaux. A ce moment intervient le marquage des assemblages en fonction des numéros attribués aux fermes. Ainsi la place de chaque bois est-elle connue, de même que l’ordre de montage, au moment de l’assemblage définitif des pièces dans la toiture.

Chaque assemblage est en principe signalé par deux marques identiques, une sur chacun des deux bois à assembler.

Ces marques pouvaient être tracées à la craie ou au crayon, ou encore gravées à la rainette, à la gouge, à l’aide d’un ciseau à bois, ou encore plus simplement, d’un clou.

Lorsqu’aujourd’hui, on retrouve deux marques semblables sur des bois assemblés, on peur en conclure que ces deux bois ont été assemblés à la même date. Le relevé de ces marques permet ainsi de juger de la cohérence de la charpente, de mettre en évidence les remplois et les restaurations.

La datation de la charpente de l’église de Bernières